Dans la presse (8)
Dans la presse (8)
Le Vif, Estelle Spoto (7/6/2018)
Le Soleil, éric Moreault (2/6/2015)
Le Soleil, Sophie Grenier-Héroux (30/5/2015)
Le Suricate magazine, Emilie Garcia Guillen (3/3/2015)
La Dépèche, Nicole Clodi (17/10/2014)
www.jeanjacquesdelfour.fr, Jean-Jacques Delfour (12/10/2014)
My dinner with André: un souper-spectacle pas comme les autres
Le Soleil, Sophie Grenier-Héroux (30/5/2015)

Un metteur en scène riche et prétentieux rencontre dans un restaurant un confrère auteur qui tire le diable par la queue. La discussion s'anime et les contrastes s'accentuent sur leur vision de la vie, les relations hommes-femmes, la religion ou le fanatisme. En second plan, mais jamais bien loin, un chef local vient garnir les plats au rythme des conversations. Théâtre et bonne chère, l'idée a de quoi plaire!

Qu'on comprenne bien, le concept élaboré par les Flamands Peter Van den Eede et Damiaan De Schrijver n'est en rien une façon de surfer sur la popularité de la cuisine. Bien au contraire, toute cette glorification ennuie et gêne profondément les cocréateurs du spectacle. Parce qu'en fait, amener un chef sur scène était l'unique solution à un besoin primaire.

«Pour nous, dès le début, lors de la première grande tournée en France, on voulait toujours bien manger, avant le spectacle, mais les restaurants étaient fermés. Et après la représentation, [c'était encore] fermé. Le seul moment où l'on pouvait manger était pendant le spectacle!» a résumé, un rire dans la voix, De Schrijver lors d'une entrevue téléphonique. Et la banalité de la chose est devenue la signature de la pièce.

Il faut dire que le scénario du film éponyme de Louis Miller, qui prend place dans un chic restaurant de New York, était un canevas idéal pour ce genre de spectacle hybride entre réflexion universelle et bonne bouffe. Par ailleurs, si les dialogues ne font nullement référence à la nourriture, De Schrijver admet que la façon de manger en dit beaucoup sur les personnages et ajoute de l'imprévu et un élément d'improvisation qui lui plaît. «On ne sait jamais les plats que l'on va nous faire, mais on mange de tout. Je suis très curieux!»

Et quand on insiste pour savoir ce qu'il aimerait avoir dans son assiette, l'acteur évoque l'excitation de manger... avec les mains! «Homard, pigeon, caille... De petites choses servies comme une peinture à la Pablo Picasso. Mon seul regret, c'est que je ne puisse pas fumer le cigare [sur scène] au Canada!»

Trois chefs de renom invités à jouer

Pour «jouer les chefs», lors des spectacles à Québec, l'équipe du Carrefour international de théâtre a lancé une invitation à trois chefs et restaurateurs de renom de Québec : Louis Bouchard Trudeau et Thania Goyette du Pied bleu et François Blais du Bistro B. Le Soleil est allé jaser, entre deux épluchages de pommes de terre, avec ce dernier pour connaître les variations sur un même thème, entre art culinaire et art théâtral.

L'angoisse de l'artiste

«Ça arrive tous les jours. Pas à mourir là, mais reste que oui, il y a un stress. C'est de l'improvisation chaque soir. Des fois ça marche, des fois ça marche pas. Des fois, c'est drôle, d'autres fois non.»

Le talent d'improvisation

«Ici, on improvise toujours un nouveau menu. On travaille avec les arrivages ou ce qu'on a envie de cuisiner. L'improvisation, c'est comme le chemin qu'il faut prendre, chaque jour.»

La création

«Ça, c'est la base. Moi, j'ai étudié pour être photographe, j'y suis pas resté très longtemps, mais je voulais être un artiste. Avec un foulard autour du cou! La cuisine est une forme d'art différente [du théâtre], mais ça fait appel à la créativité, faut savoir jouer... C'est presque de la manipulation à quelque part. Tout ce qu'on est, tout ce qu'on a, on le met dans une assiette chaque soir.»

La critique

«Le plaisir ultime, c'est le client qui dit : "Wow, j'ai jamais bien mangé comme ça." On prend ça avec un grain de sel, parce qu'il nous compare avec tout le monde dans le monde. Comme tous les goûts sont dans la nature, c'est difficile à évaluer. C'est comme une première chaque jour.»